Sur les pentes vallonnées du Rwanda, le nouveau projet Livelihoods-ARCOS repose sur un modèle d’agroforesterie à grande échelle, qui améliorera la vie de 30 000 petits exploitants. Mais à quoi ressemble une ferme dans la zone du projet aujourd’hui ? Quels sont les défis quotidiens auxquels les ménages sont confrontés ? Comment le modèle agroforestier peut-il contribuer à fournir davantage de ressources aux petits exploitants tout en restaurant la santé des sols ?
De petites parcelles en raison de la densité de population
Dans les districts de Rulindo et de Bugesara où le projet Livelihoods-ARCOS sera mis en œuvre, la plupart des exploitations ne dépassent pas les 0,5 hectare. Dans la plupart des cas, cela ne suffit pas à assurer la sécurité alimentaire d’une famille avec trois enfants, qui comprend parfois aussi les grands-parents. Le manque de terres dû à la densité de population a conduit à la mise en place de pratiques agricoles intensives. Aujourd’hui, la plupart des agriculteurs produisent des cultures de rente et les vendent pour couvrir les besoins de la famille : les femmes s’occupent souvent de la ferme, tandis que les hommes doivent travailler en ville pour assurer un complément de revenus.
Un modèle agricole qui laisse peu de place à la restauration des terres
Avec deux saisons de culture allant de mars à août et de septembre à février, les principales cultures du Rwanda sont le maïs, les haricots et les patates douces, tandis que le manioc et la banane sont principalement cultivés dans les plaines. Dans le district de Rulindo, les agriculteurs peuvent également cultiver le thé en monoculture sur plusieurs années.
Le système prédominant est une succession de cultures de céréales et de légumineuses. Lorsqu’une région produit des céréales, l’autre produit des haricots. Une fois que les céréales comme le maïs ou le sorgho sont récoltées, les agriculteurs doivent préparer la terre pour y semer des légumineuses (haricots ou petits pois). Les tiges de maïs sont utilisées comme tiges grimpantes pour la production de haricots et les autres résidus de culture sont utilisés pour le fourrage des animaux. Dans ce modèle agricole, il reste peu de matière organique dans le sol et il n’y a pas d’espace disponible pour mettre la terre en jachère. De ce fait, la terre n’a pas assez de temps pour se régénérer et les agriculteurs deviennent dépendants à l’ajout de produits chimiques.
Ce modèle a également réduit l’espace disponible pour la culture des légumes, réduits à de petits potagers de moins de 25 m2. Les ménages sont désormais contraints d’acheter à l’extérieur ce qui était auparavant produit dans leur propre ferme.
Les impacts de la déforestation sur le sol :
Dans les exploitations agricoles rwandaises, il ne reste que très peu d’arbres et seuls 5% d’agriculteurs possèdent des terres boisées privées. Généralement récolté par les enfants dans les fermes voisines, le bois est utilisé pour cuisiner et chauffer la maison. Mais les ressources en bois sont maintenant très rares dans la zone du projet.
Le modèle agricole actuel est simplifié, ce qui entraîne une érosion des sols et un épuisement de leurs éléments nutritifs : un risque accentué dû aux fortes pluies qui tombent sur les pentes raides et à l’absence d’arbres pour retenir l’eau dans le sol.
Le modèle Livelihoods-ARCOS pour rétablir la santé des sols, améliorer la productivité de la ferme et les revenus
Tous les agriculteurs impliqués dans le projet recevront en moyenne 200 arbres à planter par hectare, y compris des arbres fruitiers, des espèces indigènes et des espèces à croissance rapide. Les arbres protégeront le sol contre l’érosion, fourniront de la matière organique pour augmenter sa fertilité mais aussi des fruits pour les familles. Les branches des arbres nouvellement cultivés fourniront du bois pour la cuisine ou pour la fabrication de tiges. Dans les exploitations de thé, en plus de fournir du bois aux ménages, les arbres serviront d’ombrage pour améliorer la production de thé et créer de nouvelles sources de revenus.
Améliorer les moyens de subsistance des communautés est au cœur du modèle : les agriculteurs disposeront de jeunes animaux ruminants pour diversifier leur alimentation, mais aussi pour l’utilisation du fumier. Le modèle agroforestier prévoit de promouvoir l’utilisation d’engrais organique pour réduire la quantité d’intrants chimiques et améliorer la santé des sols. Les pratiques actuelles de paillage seront également améliorées : certains agriculteurs brûlent encore leurs résidus de culture ou utilisent des feuilles d’eucalyptus comme principale matière première ce qui acidifie le sol. L’application du paillage sera étendue aux céréales, car elles ne sont aujourd’hui utilisées que pour les potagers, qui ne représentent qu’une petite partie des terres.
Le projet vise également à réintroduire une diversité de légumes tels que l’ail, les poivrons, les oignons, les haricots frais et les tomates afin d’améliorer et de diversifier le régime alimentaire familial. La réintroduction d’arbres, la diversité végétale et l’amélioration des pratiques agricoles comme le paillage, les cultures intercalaires, et la production de compost organique, contribueront à rendre le système agricole plus résilient, améliorer la disponibilité de l’eau pour les cultures, et donc les rendements.