MYTHE OU RÉALITÉ?
Peut-on améliorer les revenus des agriculteurs tout en préservant la nature ?

Sur l’île de Mindanao, Livelihoods mise sur des exploitations de noix de coco prospères

Poussant sur le cocotier dans les tropiques, la noix de coco a beaucoup de succès auprès des consommateurs. Consommée fraiche ou séchée, elle est également transformée en lait de coco, tandis que l’huile de coco est largement utilisée dans l’alimentation, les produits cosmétiques, les savons et les détergents. L’eau de coco est également appréciée dans de nombreuses boissons. Il n’est donc pas étonnant que le cocotier soit surnommé « l’arbre de vie ». Pourtant, aux Philippines, deuxième producteur mondial, la plupart des petits exploitants ne profitent pas de ce succès. En 2018, environ 50% des producteurs de noix de coco philippins vivaient avec moins de 2 dollars américains par jour. Avec l’engagement des marques alimentaires Mars et Danone, Livelihoods a lancé un projet ambitieux de 10 ans pour aider les agriculteurs à atteindre un revenu décent. Le projet se déroule sur l’île de Mindanao avec 6 000 petits exploitants indépendants et est mis en œuvre par l’ONG locale IRDF (Integrated Rural Development Foundation).

Planter de nouveaux arbres sur des parcelles vieillissantes, adopter des pratiques agricoles régénératrices pour augmenter la productivité de l’ensemble de l’exploitation (améliorer et diversifier la production agricole), valoriser les coques de noix de coco, créer des coopératives pour accéder aux marchés à de meilleurs prix, sont les principaux leviers activés par le projet pour améliorer les revenus des agriculteurs tout en préservant la nature.

5 ans plus tard, où en est la transition vers une culture résiliente de la noix de coco ? Les petits exploitants gagnent-ils suffisamment pour répondre aux besoins de leur famille ? Ont-ils réussi à augmenter la productivité de leur exploitation tout en préservant la santé des sols ? Voici les principaux leviers activés par le projet et les principaux résultats que l’on observe à ce jour.

Le projet noix de coco de Livelihoods en quelques mots :

Sur l’île de Mindanao, Livelihoods met en place une nouvelle chaîne d’approvisionnement durable, où les petits exploitants indépendants de noix de coco peuvent associer une production de qualité à de meilleurs revenus. Le projet a été lancé par le Fonds Livelihoods pour l’agriculture familiale (L3F), un fonds d’investissement à impact créé par Danone, Mars, Firmenich et Veolia pour transformer durablement leurs chaînes d’approvisionnement tout en améliorant les moyens de subsistance des petits exploitants.

Un modèle d’investissement innovant pour soutenir les agriculteurs et la préservation de la nature :

L3F a rassemblé une coalition d’acteurs privés et publics pour relever certains des défis économiques du secteur de la noix de coco aux Philippines.

Le fonds porte le risque d’investissement et préfinance les activités du projet afin de structurer une chaîne d’approvisionnement transparente et résiliente. Danone et Mars Incorporated, deux grandes marques alimentaires, se sont engagées à acheter la noix de coco produite par les agriculteurs à un prix équitable pendant 10 ans. Elles y parviennent par l’intermédiaire de Franklin Baker, l’un des principaux fabricants et exportateurs de produits à base de noix de coco, et principal fournisseur de Mars et de Danone.

Les activités sont mises en œuvre sur le terrain par la Fondation pour le développement rural intégré, (IRDF) une ONG locale renommée qui possède une longue expérience avec les petits exploitants.

Structurer une chaîne d’approvisionnement résiliente et de haute qualité avec 6 000 petits exploitants

Le projet met en place une nouvelle chaîne d’approvisionnement qui fournit aux agriculteurs les compétences, les infrastructures et le matériel nécessaires pour produire des noix de coco de haute qualité, mieux accéder au marché et améliorer leurs revenus. Depuis 2018, les agriculteurs impliqués dans le projet ont été formés à l’agriculture régénératrice afin d’améliorer la productivité de leurs exploitations tout en améliorant la santé des sols.

Globalement, le projet permet de mettre en œuvre un système d’approvisionnement direct : les 6 000 petits exploitants vendront leur récolte directement à Franklin Baker par l’intermédiaire de coopératives gérées par les agriculteurs eux-mêmes. Les coopératives s’appuient sur des réseaux d’associations d’agriculteurs au niveau des villages pour collecter les noix de coco et les acheminer en vrac par un point de collecte unique vers Franklin Baker, qui vendra à son tour les noix de coco transformées à Mars et à Danone.

Au niveau de l’exploitation : augmenter la productivité des terres et restaurer la santé des sols

Dans les provinces rurales de Davao del Sur et de North Cotabato, sur l’île de Mindanao, où le projet Livelihoods est mis en œuvre, 80 % des cultivateurs de noix de coco sont de petits exploitants qui possèdent moins de 2 hectares de terre. Des décennies de monoculture et d’agriculture intensive (cultures vivrières et commerciales) ont appauvri les sols. La productivité de l’exploitation a également été affectée par le vieillissement des cocotiers qui portent moins de fruits : 30 % des arbres de la zone du projet avaient plus de 50 ans et entraient donc dans une phase de déclin.

Le premier levier activé par le projet Livelihoods a été d’aider les agriculteurs à augmenter la productivité de leurs exploitations de noix de coco.

Pour cela, des activités de replantation ont été menées dans les zones nécessaires, ainsi que des techniques de couverture végétale (pour lesquelles les agriculteurs ont été spécifiquement formés) afin d’aider à renforcer la fertilité des sols et à maintenir la matière organique dans le sol, en particulier pendant la saison sèche.

Les agriculteurs du projet ont bénéficié d’un accompagnement spécifique, de formations et d’un accès à une main-d’œuvre abordable (par l’intermédiaire de groupes d’agriculteurs) pour réinvestir dans leurs exploitations. Ils ont été formés à des pratiques agricoles régénératrices pour booster la fertilité naturelle des sols et, ainsi la productivité de leur terre. 5 ans après le lancement du projet, la productivité a augmenté de 50% dans les exploitations qui ont adopté les principes de couverture végétale et d’agriculture régénératrice.

Avant : monoculture avec des arbres vieillissants ont entraîné une baisse de la fertilité des sols et une faible productivité.
Après : Intégration d’autres cultures vivrières
(café, bananes…) et de cultures vivrières annuelles (patates douces, gingembre…) et replantation de jeunes plants de cocotiers.

Améliorer l’accès au marché pour augmenter le revenu net des producteurs

Au niveau du marché, les petits producteurs de noix de coco de Mindanao ont souffert d’une chaîne d’approvisionnement dispersée avec de nombreux intermédiaires et des prix bas à la sortie de l’exploitation. Déconnectés de la demande réelle du marché et des utilisateurs finaux, les agriculteurs dépendaient fortement des avances en espèces et des négociants, ce qui les dissuadait d’investir dans leur production de noix de coco, qu’ils considéraient comme une source de revenus secondaire. Le projet Livelihoods s’est fixé comme priorité de structurer une chaîne d’approvisionnement transparente avec des entreprises engagées pour aider les agriculteurs à tirer le meilleur parti de leurs exploitations. Pour ce faire, le fonds Livelihoods pour l’agriculture familiale (L3F) a mis en place une coalition d’acteurs privés et publics impliquées à chaque étape de la chaîne de valeur. Le fonds L3F finance les activités du projet d’une part (apporter les compétences techniques aux agriculteurs pour adopter les pratiques d’agriculture régénératrice, activités de replantation…), l’ONG locale , IRDF, met à profit son expertise et son expérience en travaillant en direct avec les petits exploitants de noix de coco, tandis que Mars et Danone, tous deux investisseurs et partenaires de Livelihoods, se sont engagés à s’approvisionner en noix de coco du projet pendant 10 ans.

Dans les villages, des associations d’agriculteurs ont d’abord été créées pour organiser les campagnes de récolte, anticiper les volumes et préparer les livraisons. Ces unités sont également chargées de transporter les noix de coco depuis les exploitations jusqu’à des points de collecte spécifiques dans les villages. Des coopératives d’agriculteurs ont également été structurées pour assurer le lien entre les points de collecte dans les villages et la livraison des volumes à un fournisseur engagé – Franklin Baker – qui vend à son tour la noix de coco transformée à Mars et Danone par l’intermédiaire de ses usines locales.

Dans les villages, chargement des camions avec des noix de coco provenant des exploitations agricoles.
Transport des noix de coco depuis les exploitations…
jusqu’à l’usine de Franklin Baker, sans intermédiaire.

Un mécanisme de prix transparent a également été mis en place pour apporter aux agriculteurs et à Franklin Baker plus de visibilité et stabiliser la chaine d’approvisionnement à long terme. En vendant leurs noix de coco directement à Franklin Baker, les agriculteurs obtiennent une meilleure part de la valeur marchande. L’engagement supplémentaire de Mars et Danone sur le prix de la noix de coco a permis d’assurer un revenu plus confortable aux agriculteurs du projet, qui sont ainsi protégés des fluctuations des prix du marché.

Aujourd’hui, le projet a permis de créer 15 associations d’agriculteurs qui livrent des noix de coco de haute qualité directement à Franklin Baker, à un prix transparent. Plus de 34 000 tonnes de noix de coco ont déjà été livrées et les agriculteurs vendent leur production à un prix plus élevé : 10 % de plus par rapport aux négociants locaux traditionnels.

Intégrer de nouvelles cultures et activités agricoles pour diversifier les sources de revenus

La noix de coco représentant 20% du revenu des agriculteurs dans la zone du projet et étant récoltée tous les deux ou trois mois, un autre levier activé par Livelihoods et ses partenaires a été de diversifier les sources de revenu des agriculteurs. Grâce à la mobilisation de l’ONG locale IRDF, qui aide les agriculteurs à mieux gérer l’ensemble de leur exploitation, ces derniers ont été formés à intégrer des cultures entre les cocotiers et à les vendre sur les marchés locaux et internationaux. Des arbres plus petits qui prospèrent à l’ombre des cocotiers ont été plantés : bananes, cacao. Au niveau du sol : des cultures vivrières ou commerciales à court terme comme les patates douces, des légumes qui sont à la fois consommés par le foyer ou vendus (du gingembre ou du maïs) ont également été intégrés grâce à des initiatives spécifiquement adressées aux agricultrices. Ces cultures contribuent à améliorer la sécurité alimentaire des familles, ou sont vendues sur les points de vente locaux.

Aujourd’hui, une exploitation sur trois, récolte et vend des cultures intercalaires. Ces nouvelles cultures contribuent aussi à améliorer la fertilité des sols et donc la productivité globale de l’exploitation. Certains agriculteurs ont également intégré du bétail et des volailles dans leurs exploitations de noix de coco.

Voici le témoignage d’une agricultrice bénéficiaire du projet qui a réussi à améliorer ses revenus grâce à la production de cacao et de bananes (vidéo en anglais) :

En ce qui concerne la diversification des exploitations agricoles, le projet va encore plus loin en valorisant, par l’intermédiaire des unités villageoises, les coques de noix de coco. Alors que les coques de noix de coco étaient auparavant considérées comme des déchets agricoles et brûlées ou laissées à l’abandon dans les parcelles, elles sont aujourd’hui transformées (dans certaines zones du projet) et par la suite utilisée comme matériau de base pour concevoir des ficelles, des filets, des rouleaux ou des nattes pour l’horticulture et les chantiers de construction, à destination des marchés internationaux. A ce jour, le projet a permis d’ouvrir un centre de formation relié à un opérateur international pour valoriser les coques de noix de coco. Les femmes et les jeunes sont particulièrement impliqués dans cette activité, pour booster leurs compétences entrepreneuriales.

Préserver la santé du sol grâce à l’agriculture régénératrice

Tous les agriculteurs impliqués dans le projet sont formés aux pratiques d’agriculture régénératrice. Ces pratiques permettent d’augmenter la teneur en matière organique du sol et d’éviter la dégradation des ressources naturelles. À ce jour, 4 500 agriculteurs, dont 2 000 femmes, ont été formés à l’agriculture régénératrice.

En outre, les petits exploitants sont formés pour produire leur propre compost organique en utilisant du fumier animal et d’autres résidus agricoles. De plus, les couvertures végétales au pied des cocotiers contribuent à maintenir la matière organique des sols. Les cocotiers génèrent de grandes quantités de résidus (feuilles et coques) : les agriculteurs ont été formés à utiliser ces résidus au sol, autour des cocotiers, ce qui contribue à maintenir l’humidité du sol autour des racines.

En 2022, le projet a franchi un cap : les noix de coco biologiques transformées pour Danone proviennent désormais à 100 % d’agriculteurs certifiés du projet et dont les flux commerciaux sont tracés. Plus de 4 000 tonnes de noix de coco biologiques ont été produites.

Des agricultrices transportent les coques de noix de coco
Exploitation de noix de coco avec des agriculteurs qui appliquent la couverture végétale

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Vous souhaitez en savoir plus ? Rejoignez notre webinaire du 4 avril, 13H00-15H00 CET, au cours duquel nous aborderons le thème : « Peut-on améliorer le revenu des agriculteurs tout en préservant la nature ? » (Note : cette session sera animée en anglais).

Nous partagerons les principaux enseignements tirés, analyserons les facteurs de réussite et les défis que représente la transformation de chaines d’approvisionnement à grande échelle. Le webinaire portera sur les projets noix de coco aux Philippines et vanille à Madagascar, de Livelihoods.

Nous donnerons la parole à nos partenaires locaux qui agissent au quotidien, sur le terrain pour soutenir les petits exploitants et la résilience de la nature.