L’agriculture régénératrice : des principes à la pratique

Le Fonds Carbone Livelihoods investit pour la première fois en région Bretagne, France, afin d’accompagner 100 agriculteurs dans la transition vers une agriculture régénératrice sur 10 ans. Le projet « Sols de Bretagne » est une initiative pionnière, menée en partenariat avec une région particulièrement engagée dans la transition agroécologique, qui a mis en place des pratiques d’agriculture régénératrice aux résultats mesurables, ces 20 dernières années. Qu’est-ce que l’agriculture régénératrice ? Quelles en sont les pratiques ? Retour sur une pratique agricole encore marginale en France, mais aux bénéfices prometteurs. L’agriculture régénératrice permet grâce à son approche holistique, d’améliorer la santé du sol, préserver la biodiversité et valoriser la démarche entrepreneuriale de l’agriculteur.

Restaurer la santé du sol : qu’est-ce que l’agriculture régénératrice ?

L’agriculture régénératrice repose sur des pratiques agricoles dont l’objectif premier est de régénérer les sols, autrement dit d’augmenter leur teneur organique pour en améliorer la fertilité. Ce modèle permet de conserver et de restaurer la matière organique du sol en protégeant les habitats des micro et macro-organismes. Les bénéfices incluent également une meilleure conservation de l’eau dans le sol et une meilleure résistance à l’érosion.

En réalité, l’agriculture régénératrice est fondée sur une approche globale qui place le sol au cœur du système, pour produire efficacement et durablement : un triptyque constitué du sol, du monde animal et du monde végétal, qui permet de créer des chaînes alimentaires entre les trois écosystèmes. C’est l’équilibre et la diversité des organismes au sein de ce triptyque qui permet de restaurer la santé du sol. L’agriculture régénératrice implique de revisiter entièrement le système d’exploitation, de changer de pratiques et de repères acquis dans le cadre d’une agriculture conventionnelle. L’adoption de pratiques agricoles régénératrices repose sur trois principes clé qui visent à réduire le travail du sol, maintenir un meilleur équilibre ainsi que nourrir le sol en continu grâce à des couverts végétaux permanents. Adopter l’agriculture régénératrice implique également du temps, de la motivation et un engagement nécessaire qui nécessite l’accompagnement et la formation de l’agriculteur sur trois à cinq années.  

Couverts permanents, rotations des cultures, moins de labour : trois pratiques clé pour régénérer le sol

Les couverts végétaux permanents permettent de maintenir une couverture permanente qui nourrit le sol tout au long de l’année:

contrairement à l’agriculture conventionnelle qui ne produit pas systématiquement de couverts fournis entre deux productions, la présence continue de couverts végétaux va permettre à l’écosystème agricole de produire une quantité de biomasse maximale. Cela permet d’augmenter la matière organique du sol, ce qui favorise ses propriétés fertilisantes. Les couverts végétaux permanents permettent d’améliorer les propriétés physiques, chimiques et biologiques du sol. C’est ce qui aide à recréer son capital santé.

Couvert de trèfle

Les rotations de cultures plus longues et plus diversifiées vont par ailleurs réduire la pression exercée par les parasites et équilibrer l’écosystème du sol : la diversification des espèces végétales permet de lutter contre les pathogènes, les pressions d’insectes et de mauvaises herbes et contribue ainsi à limiter l’utilisation d’insecticides et de pesticides.

Une rotation diversifiée des cultures améliore également la structure du sol en diversifiant la longueur des zones d’enracinement, ce qui favorise l’infiltration de l’eau. Des cultures différentes ayant des besoins et des déchets nutritifs différents favoriseront un écosystème du sol équilibré et plus résilient. Ces rotations durent généralement entre 4 et 6 ans.

Ces rotations nécessitent une réflexion agronomique approfondie et doivent être définies en fonction de la complémentarité des nutriments d’une culture à l’autre. Elles dépendent également des débouchés des productions étroitement liées au contexte pédoclimatique. Les agriculteurs participant au projet bénéficieront de l’appui de conseillers agricoles expérimentés pour concevoir et piloter leur propre système de rotation en fonction du sol et des conditions spécifiques de leur entreprise.

Exemple de rotation de cultures

Le troisième levier consiste à limiter le travail du sol au maximum pour limiter son appauvrissement : traditionnellement, le travail du sol permet d’éliminer les mauvaises herbes entre deux cultures. Mais l’intensification de cette pratique a généré une dégradation considérable du sol. La priorité de l’agriculture régénératrice est d’éviter au contraire les perturbations mécaniques du sol pour laisser place à des cycles naturels entre deux cultures. Cela consiste à travailler uniquement la couche supérieure du sol, ce qui le perturbe moins que le labour conventionnel. Le semis direct consiste à planter les graines directement dans le sol sans détruire les cultures de couverture à l’aide d’un semoir spécifique. Le sol reste ainsi intact.   

Nicolas HALLEGOUET, agriculteur dans le Guipavas, Finistère et à la tête de « La Robe des Champs » est pionnier des pratiques agricoles régénératrices. Il témoigne de son approche et des résultats observés sur sa ferme depuis 20 ans :