L’huile de palme souffre d’une mauvaise réputation. La monoculture de palmiers est associée à la déforestation et à l’effondrement de la biodiversité. En effet, d’énormes superficies ont été plantées en monoculture de palmiers pour répondre à la demande croissante des industries alimentaire, cosmétique et autres à travers le monde. L’île de Sumatra est un site majeur pour l’huile de palme, avec de vastes plantations mais aussi un grand nombre de petits producteurs indépendants et une infrastructure complexe de moulins et de raffineries.
Pour mieux comprendre les enjeux liés à l’huile de palme, il ne faut pas sous-estimer la composante sociale : des millions de foyers ruraux ont considérablement augmenté leurs revenus grâce à une culture récoltée toute l’année, bénéficiant jusqu’à présent de prix relativement stables et d’un marché sécurisé. La protection des forêts restantes et la production durable de palme doivent être abordées de manière intégrée pour garantir un impact durable sur les écosystèmes et les moyens de subsistance locaux.
De grandes marques s’associent à Livelihoods pour une production durable
En 2021, Danone, Mars, L’Oréal et le Groupe L’Occitane ont uni leurs forces avec Livelihoods pour développer une initiative sans précédent visant à aider 2 500 petits producteurs à réaliser une transition durable pour l’huile de palme sur l’île de Sumatra.
Réunis par le Fonds Livelihoods pour l’Agriculture Familiale (L3F), qui sert d’intégrateur du projet, celui-ci a fixé un objectif ambitieux : construire une chaîne d’approvisionnement transparente et sans déforestation grâce à trois composantes principales adaptées localement : les modèles agroforestiers, l’agriculture régénérative et l’amélioration de la biodiversité.
Le projet est mis en œuvre localement par Musim Mas, un important producteur indonésien d’huile de palme et fournisseur de Mars et Danone, ainsi que SNV (l’implémenteur local du projet qui travaille étroitement avec les petits producteurs d’huile de palme). Au total, le projet aide à régénérer 4 000 hectares de plantations de palmiers sur des terres en dégradation, tout en restaurant/protégeant 8 000 hectares supplémentaires de biodiversité locale sur une période de 10 ans.
De la théorie à la pratique : les preuves encourageantes de la transition, trois ans plus tard
Trois ans après son lancement, le projet visant à promouvoir une agriculture à faible carbone sur les plantations de palmiers et les pratiques agroforestières à Labuhan Batu, dans le nord de Sumatra, a produit des résultats remarquables. Lors d’une visite de mi-juin 2024 dans la région, réunissant tous les partenaires du projet, les avantages tangibles de ces pratiques sur les plantations de palmiers des petits producteurs étaient évidents.
À ce jour, le projet a obtenu avec succès la certification RSPO pour 800 petits producteurs indépendants et a élargi la coalition de paysage pour englober 8 000 hectares de forêt d’État protégée. Cette expansion vise à prévenir l’exploitation forestière illégale, l’envahissement et la conversion non autorisée des terres grâce à une gestion de conservation basée sur la communauté avec le soutien de la People Resources & Conservation Foundation (PRCF).
Les producteurs d’huile de palme participants ont bénéficié d’une formation approfondie et d’un coaching individuel au cours des trois dernières années, grâce à un partenariat étroit avec les marques engagées et les équipes de Livelihoods, et ont participé à des échanges entre pairs pour diffuser les apprentissages. Les formations ont porté sur les Meilleures Pratiques de Gestion en Agriculture Régénérative, Agroforesterie, Développement Institutionnel et Commercial, ainsi que la Littératie Financière, et ont été conjointement réalisées par SNV, Musim Mas et l’ICRAF(Centre International de Recherche en Agroforesterie).
Ce coaching intensif et de proximité au sein des communautés a conduit à une augmentation significative de l’adoption des pratiques agricoles durables, passant de 20 % à entre 50 % et 90 % en trois ans. Des améliorations notables de la fertilité des sols ont été observées, accompagnées de l’enthousiasme croissant des agriculteurs pour utiliser du compost organique abordable produit par le projet. Mis en œuvre tant au niveau communautaire qu’à celui des exploitations, ce compost améliore la qualité du sol et le rendement des cultures tout en réduisant fortement la dépendance aux engrais chimiques de plus en plus coûteux.
Soutenir les hommes et les femmes agriculteurs
De plus, le projet a renforcé les capacités des agriculteurs en les organisant en associations robustes. Cela a amélioré leurs compétences organisationnelles et commerciales, garantissant la durabilité des pratiques à faible émission de carbone et favorisant le succès à long terme. En particulier, les cours de littératie financière ont constitué un outil puissant pour autonomiser les femmes impliquées dans le projet. En leur fournissant des compétences et des connaissances financières essentielles, ces cours permettent aux femmes de mieux gérer leurs ressources, de prendre des décisions éclairées et de renforcer leur indépendance économique.
Un appel à de nouveaux partenaires !
Actuellement, le projet travaille avec 2 500 petits producteurs indépendants et a démontré son succès, avec un modèle économique solide axé sur l’amélioration des pratiques de sol. Nous visons à élargir notre action en augmentant le nombre de participants à 5 000 agriculteurs et en ouvrant la voie vers une chaîne d’approvisionnement entièrement verte tout en respectant les normes RSPO et la transformation des producteurs. Pour soutenir cette croissance, nous invitons d’autres marques – au-delà de notre coalition actuelle de Danone, Mars, L’Oréal et L’Occitane – à se joindre à nous si elles sont véritablement engagées dans des transformations durables des chaînes de valeur.
Soutenir la biodiversité et la restauration des écosystèmes
En plus d’élargir la production, le projet vise à restaurer les écosystèmes de bassins versants dégradés le long des rives des rivières. Nous recherchons des partenaires financiers pour soutenir la restauration des zones où la plantation de palmiers est interdite, un effort clé pour garantir que les écosystèmes locaux, riches en biodiversité, prospèrent, tout en réhabilitant les zones tampons par des systèmes agroforestiers, ce qui offrirait des revenus complémentaires aux petits producteurs.