10 leçons tirées de l’expérience Livelihoods pour des projets carbone à forte valeur ajoutée

Mis en œuvre en Asie, en Afrique, en Amérique latine et plus récemment en Europe, les projets Livelihoods poursuivent la mission qui est au cœur des Fonds Livelihoods depuis leur création en 2009. Il s’agit de restaurer les écosystèmes naturels qui sont les fondations de la vie sur Terre, mais aussi des moyens de subsistance des communautés rurales. Réunissant des coalitions d’acteurs qui s’engagent sur le long terme (10 à 20 ans), les projets Livelihoods prennent tous en compte les impacts sociaux, environnementaux et économiques locaux. Des plantations de caféiers dans la vallée d’Araku en Inde aux milliers d’hectares de mangroves sur l’île de Sumatra, en Indonésie, en passant par les petites parcelles de vanille à Madagascar, les communautés rurales et agricoles sont les principaux acteurs du changement. Car leurs moyens de subsistance dépendent à la fois des écosystèmes naturels et des terres qu’elles cultivent.

Voici 10 enseignements clés tirés de notre expérience avec ces communautés locales. Ensemble, nous agissons pour réussir des projets de transformation à grande échelle, notamment :

1. Restaurer les fondations de la maison Terre

Un archipel d’îles situé dans le delta du Gange, les Sundarbans forment le plus grand écosystème de mangroves estuariennes au monde. La forêt des Sundarbans, qui abrite 4,5 millions d’habitants, est un écosystème fragile menacé par le changement climatique, l’élévation rapide du niveau de la mer et les cyclones. En partenariat avec l’ONG locale indienne NEWS (Nature Environment and Wildlife Society), Livelihoods a lancé en 2009 un projet de restauration de la mangrove sur 20 ans pour restaurer la biodiversité, protéger les communautés côtières des inondations et créer de nouvelles opportunités économiques. Avec plus de 16 millions de mangroves restaurées, le projet a permis de recréer une riche biodiversité locale : poissons, oiseaux, crevettes et autres crustacés sont de retour. Aujourd’hui, on compte 500 collecteurs de crabes au lieu de 50 avant le lancement du projet, synonyme de sécurité alimentaire et de meilleurs revenus pour les communautés locales.

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2. Diversifier et augmenter les revenus et la sécurité alimentaire des populations locales

Dans l’Est de l’Inde, la vallée de l’Araku est entièrement habitée par des tribus indigènes. Il s’agit d’une région isolée qui a été fortement déboisée pendant la colonisation britannique. La forêt, dont dépendaient les moyens de subsistance des Adivasis, avait disparu, accentuant la situation de précarité des agriculteurs. En 2010, Livelihoods et la Fondation Naandi (ONG locale renommée) ont ensemble aidé les habitants des tribus à régénérer leur forêt grâce à des pratiques foncières durables. Grâce à ce projet d’agroforesterie à grande échelle d’une durée de 20 ans, les agriculteurs ont appris à fabriquer leur propre compost, à accroître la fertilité des sols et même à produire leur propre « café araku » biologique et de haute qualité, qui est désormais vendu dans le monde entier. Ils ont appris à régénérer leur forêt, mais aussi à couper du bois de chauffage de manière durable et à chauffer leurs maisons, à cultiver la terre et à gérer les ressources naturelles et le bétail de manière durable.

Pour en savoir plus sur le projet, lisez notre interview de Manoj Kumar, PDG de la Fondation Naandi

3. Préserver et restaurer la biodiversité

Pendant des décennies, des millions de petits exploitants agricoles des économies émergentes ont cultivé l’huile de palme pour gagner leur vie. Aujourd’hui, les défis qu’ils doivent relever sont nombreux : de la concurrence avec les grandes plantations à la baisse de productivité ou au manque de moyens financiers pour régénérer leurs arbres vieillissants, les petits exploitants sont exclus de la transition durable de la filière. Livelihoods a lancé en 2021 un projet sur 10 ans pour aider 2 500 petits exploitants d’huile de palme à opérer un changement durable de la chaîne d’approvisionnement sur l’île de Sumatra, en Indonésie. Le projet permet de structurer une chaîne d’approvisionnement transparente et sans déforestation grâce à des modèles agroforestiers adaptés localement et à des pratiques d’agriculture régénérative qui booste la biodiversité locale. Le projet contribue à régénérer 8 000 hectares dans des zones d’exploitation dégradées, ainsi qu’à restaurer 3 500 hectares supplémentaires de biodiversité locale.

En savoir plus sur le projet palme en Indonésie

4. Une approche systémique pour transformer nos modèles agricoles

Première région agricole de France et troisième d’Europe, la Bretagne a placé l’agroécologie au cœur de sa stratégie économique, sociale et environnementale. Il y a environ 20 ans, une poignée d’agriculteurs du département du Finistère, motivés pour restaurer la santé des sols, se sont lancés dans une nouvelle approche : l’agriculture régénérative. Avec pour objectif principal de conserver les propriétés organiques du sol, l’agriculture régénérative est un modèle de production agroécologique qui vise à augmenter la matière organique du sol pour améliorer sa fertilité. En 2021, Livelihoods a lancé son tout premier projet en Europe, dans la région Bretagne, pour aider 100 agriculteurs à réussir la transition vers l’agriculture régénérative. Le projet permet de passer à un modèle agricole basé sur des sols plus sains, plus de biodiversité, une baisse des coûts de production et des conditions plus attractives pour la nouvelle génération d’agriculteurs.

En savoir plus sur le projet Livelihoods en Bretagne

5. Les communautés locales 100% impliquées dans les projets

Lancé en 2009, le projet de restauration des mangroves de Livelihoods au Sénégal visait à restaurer un écosystème fragile qui protège les terres arables de la salinisation et produit des ressources halieutiques (poissons, coquillages, crustacés) et du bois. Mis en œuvre avec l’ONG sénégalaise OCEANIUM, ce projet d’envergure a impliqué plus de 200 000 habitants dans 450 villages, qui ont planté de leurs propres mains 10 000 hectares de mangroves. 12 ans plus tard, une étude d’impact social a mesuré les retombées sociales et économiques de ce projet et les résultats sont prometteurs : grâce aux mangroves restaurées, le poisson est de retour (on compte plus de 4 200 tonnes de prises par an) ainsi que les crevettes, les crabes, les coquillages, la salade de palétuviers, le miel et le fourrage. Aujourd’hui encore, les villageois locaux agissent au quotidien dans l’estuaire de la Casamance pour protéger « leur » mangrove et ce programme de restauration reste l’une des actions dont ils sont le plus fiers.

Lire les résultats de l’étude (en anglais)

6. Femmes agricultrices et actrices du changement

07. Hifadhi Kenya

En Amérique latine, en Afrique et en Asie, les fumées nocives dégagées par les fourneaux traditionnels tuent près de 4 millions de personnes chaque année. Selon la Clean Cooking Alliance, la cuisson sur des feux ouverts polluants ou des fourneaux non durables émet plus d’un quart des émissions mondiales de carbone noir, soit le deuxième facteur de changement climatique après le dioxyde de carbone. Pourtant, les foyers améliorés qui assurent une meilleure combustion du bois et génèrent moins de fumées peuvent faire une différence significative. Fabriqués à partir de matières premières locales, ces foyers améliorent directement la santé des familles bénéficiaires car elles sont moins exposées aux fumées toxiques.

Dans le comté d’Embu, au Kenya, Livelihoods a équipé 120 000 familles de foyers améliorés qui permettent de réduire la consommation de bois de 60 %, contribuant ainsi à préserver les forêts et à protéger le bassin versant du mont Kenya qui alimente les villages environnants en eau. À date, le projet a permis de préserver l’équivalent de 1 200 hectares de forêt et de planter 1 million d’arbres.

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8. Investir sur le long terme

La chaîne de montagnes du Cerro San Gil, qui borde le Guatemala, le Honduras et le Belize, est une source d’eau importante et l’un des plus beaux trésors de biodiversité de la côte caraïbe. Elle est classée réserve naturelle. Mais cette région a été gravement menacée par l’impact de la pression humaine, les communautés rurales étant continuellement repoussées vers le haut des collines, contraintes de trouver de nouvelles terres à cultiver. L’élevage de bétail, les techniques de culture sur brûlis et la monoculture ont exacerbé ce problème en appauvrissant les sols.

Mis en œuvre par l’ONG locale Fundaeco, le projet d’agroforesterie Livelihoods à Cerro San Gil est un projet de reforestation et d’agroécologie à grande échelle mis en œuvre avec les communautés Q’eqchi’, pour préserver leurs ressources naturelles. Lancé en 2014, le projet a permis de planter 4 millions d’arbres et de plantes de différentes espèces (agrumes, café, cardamome, cacao, acajou, laurier, cèdre…), dont des plantations de caoutchouc avec de la cardamome : les forêts tropicales du Guatemala sont idéales pour la culture de la cardamome dont l’huile coûteuse est utilisée en cuisine, en aromathérapie et même en parfumerie. Près de 2 000 hectares de terres ont déjà été restaurés.

En savoir plus sur le projet Livelihoods au Guatemala

9. Contribuer à la résilience

Sundarbans cyclone

Né à la suite du cyclone Aila qui a frappé les îles Sundarbans en 2009, le projet de restauration de la mangrove de Livelihoods a permis de restaurer plus de 16 millions d’arbres pour former une barrière naturelle contre les inondations. Malheureusement, le cyclone Amphan qui a frappé le Bengale, dans l’est de l’Inde, le 20 mai 2020 a à nouveau fragilisé les îles. Amphan serait la tempête tropicale la plus dévastatrice dans la région depuis 1999. Avec des vents de 265 kilomètres par heure et de fortes précipitations, le cyclone a particulièrement touché Kolkata et les Sundarbans. Mais les 4 000 hectares de mangroves restaurés dans le cadre du projet Livelihoods et en collaboration avec les communautés locales n’ont pas bougé. Près de dix ans plus tard, les mangroves restaurées ont fait office de barrière naturelle au cyclone Amphan, préservant ainsi les digues des inondations et de la salinisation. Toutes les populations locales ont été évacuées dans des abris, donc toutes protégées du cyclone.

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10. Une nouvelle génération d’agriculteurs

Deuxième épice la plus chère au monde après le safran, la vanille est parmi les préférées des consommateurs. Mais c’est aussi une industrie très complexe et fragile en raison d’une forte spéculation, d’un manque de transparence et d’une forte exposition au changement climatique. A Madagascar, principal exportateur mondial, la pauvreté rurale atteint jusqu’à 81%. A Madagascar, premier exportateur mondial, le taux de pauvreté rurale atteint les 81%.

En 2015, Livelihoods et une coalition de partenaires à chaque étape de la chaîne de valeur, ont lancé un projet de 10 ans pour construire une chaîne d’approvisionnement durable en vanille avec 3 000 petits exploitants agricoles. Le projet a permis de créer une coopérative pour mieux connecter les agriculteurs au marché, tout en préservant 4 500 hectares au sein d’une forêt tropicale unique et riche en biodiversité : Pointe à Larrée. De plus, le projet a permis d’ouvrir une école d’agriculteurs pour former la jeune génération. En décembre 2021, l’école a pu célébrer ses premiers diplômés. Cinq ans après son lancement, un audit social a montré les résultats prometteurs du projet, démontrant que la transition vers une vanille résiliente et de qualité est bel et bien en cours.

Découvrez les résultats de l’audit social