LIVELIHOODS FUNDS LANCE UN NOUVEL INVESTISSEMENT IMPACTANT AU MEXIQUE : Combiner la restauration de la mangrove et les moyens de subsistance des communautés côtières

Dans une région où la plupart des agriculteurs propriétaires de terres vivent de la production de canne à sucre ou de l’élevage de bétail, et où les pêcheurs pauvres et sans terre dépendent des emplois saisonniers et des opportunités qu’offrent les lagons, la restauration de la mangrove peut-elle améliorer les moyens de subsistance de ces communautés ?

Les mangroves sont l’une des forêts les plus menacées au monde. Pourtant, ces forêts tropicales abritent non seulement une riche biodiversité, mais fournissent également des services écosystémiques aux personnes qui vivent à proximité. Elles contribuent également à atténuer le changement climatique grâce à la capacité de leurs sols à stocker de grandes quantités de carbone.

C’est pourquoi les fonds Livelihoods sont activement engagés dans la conservation et la restauration des mangroves à grande échelle. Depuis 2009, plus de 25 000 hectares de mangroves ont été restaurés au Sénégal, en Inde et en Indonésie. Livelihoods Funds est en train d’écrire une nouvelle page au Mexique.

Pour répondre à ces questions sociales et environnementales complexes, Livelihoods Venture a lancé un projet de restauration de la mangrove sur 20 ans dans le système lagunaire d’Alvarado (Veracruz, Méxique) afin d’améliorer les moyens de subsistance et la résilience climatique des communautés locales. Le projet permettra de restaurer 2 100 hectares de mangrove et de forêt inondée et de rétablir les services écosystémiques qui profiteront à 7 000 personnes. Financé par le Livelihoods Carbon Fund #2, il soutiendra également le développement d’une diversité d’activités génératrices de revenus pour les agriculteurs et les pêcheurs, et améliorera l’inclusion sociale.

L’initiative sera mise en œuvre par Pronatura Veracruz, ou PNV, une organisation non gouvernementale (ONG) locale bien établie et très expérimentée. La plantation de 6,2 millions d’arbres devrait générer 1 million de tonnes de carbone sur 20 ans.

Les moyens de subsistance des communautés menacés par des décennies de déforestation

Un tiers des mangroves du système lagunaire d’Alvarado a disparu depuis 1975.

A proximité des mangroves restantes, des communautés d’agriculteurs propriétaires de terres élèvent du bétail ou cultivent la canne à sucre, tandis que les pêcheurs propriétaires de terres pêchent du poisson, des crustacés et des mollusques vivants dans les lagunes. Ces divers groupes de propriétaires possèdent entre 15 et plus de 100 hectares de terres. Leurs principales sources de revenus proviennent de la pêche, du lait, et de la viande, auxquels peuvent s’ajouter d’autres opportunités offertes par les mangroves, tel que l’apiculture. Dans l’étroite bande proche de la lagune, des pêcheurs pauvres et sans terre se sont installés sans droits de propriété.

La plupart des propriétaires fonciers ont des revenus décents, mais le petit groupe de pêcheurs pauvres et sans terre luttent pour gagner leur vie et dépendent du stock de poissons en déclin et d’emplois temporaires dans d’autres exploitations. Néanmoins, les deux communautés sont de plus en plus confrontées à des difficultés pour maintenir les moyens de subsistance de leurs familles dans un environnement dégradé et peu productif.

Mais pourquoi les mangroves ont-elles été défrichées en premier lieu ?

Historiquement, les premiers champs de canne à sucre et les premiers pâturages avaient été établis pendant la période coloniale espagnole, et au cours des dernières décennies, les activités agricoles se sont étendues dans la mangrove. Pour convertir les mangroves ou les zones humides en terres cultivées ou en pâturages, les agriculteurs ont dû modifier les flux d’eau naturels et retirer la végétation. Malheureusement, les terres converties sont rapidement devenues impropres à l’agriculture en raison de la persistance de plusieurs centimètres d’eau, et l’inondation a été exacerbée par la déforestation dans la partie supérieure du bassin versant. Le défrichement des mangroves a entraîné un affaissement du sol car celui-ci n’était plus lié par le vaste système racinaire des arbres. En outre, des espèces de plantes herbacées inadaptées à l’élevage du bétail se sont développées et prospèrent désormais sur ces terres submergées. Les agriculteurs ont finalement été contraints d’abandonner ces zones. Ils reconnaissent tous qu’il est impossible de poursuivre des activités agricoles sur les terres converties en raison du niveau et de la profondeur de l’eau et de la végétation qui en résulte.

Comment les agriculteurs et les pêcheurs s’adaptent-ils dans les zones déboisées ?

Aujourd’hui, les agriculteurs de la région élèvent principalement des bovins ou cultivent la canne à sucre sur les terres plus élevées, tandis que les pêcheurs continuent de récolter les espèces aquatiques, dont le stock s’épuise. Ils vivent au rythme des cycles naturels de l’eau, qui est de plus en plus affecté par le réchauffement climatique : élévation du niveau de la mer, fréquence et gravité des inondations ou des tempêtes, et érosion des sols.

Familles de pêcheurs

Elevage bovins

Renforcer les moyens de subsistance des communautés et leur résilience au climat

Le système lagunaire d’Alvarado est désigné comme site Ramsar (zone humide d’importance internationale), une zone importante pour la conservation des oiseaux, et est considéré comme l’un des systèmes estuariens-lagunaires les plus productifs du Mexique. Les communautés locales sont très conscientes des services écosystémiques que les mangroves leur rendent, notamment pour l’atténuation et l’adaptation aux changements climatiques.

Livelihoods Venture met en œuvre un projet inclusif qui réunira les propriétaires fonciers et les pêcheurs marginalisés pour rétablir l’environnement naturel. Comme la plupart des mangroves dégradées se trouvent sur des terres privées, les agriculteurs sont prêts à allouer leurs terres improductives pour restaurer l’écosystème naturel. Ils sont également désireux d’accroître leur productivité ou de diversifier leurs sources de revenus pour améliorer leurs moyens de subsistance.

Le projet dispensera des formations aux agriculteurs et aux pêcheurs, fournira une assistance technique, soutiendra l’acquisition d’équipements pour améliorer la productivité et les aidera à accéder à des marchés supplémentaires. Les pêcheurs sans titres fonciers auront la possibilité de recevoir une formation aux techniques de restauration et d’obtenir un emploi à court terme dans le domaine de la restauration des mangroves.

Programmes visant à développer la diversité des activités génératrices de revenus

Activités de restaurationPêcheApicultureProduction laitière
Les familles les plus pauvres pourrons être formées sur les techniques de restauration. Une fois formées, elles pourront être recrutées et percevoir un revenu supplémentaire qui pourra être intégré dans leur cycle de travail saisonnier.Le projet soutiendra les unités d’aquaculture familiales (cages flottantes ou bassin d’aquaculture). Le programme pourrait augmenter les revenus d’au minimum 25 %.Ce programme vise à professionnaliser la production et la distribution saisonnière de miel pendant la saison de floraison des mangroves.Les agriculteurs auront l’opportunité d’améliorer la génétique, la santé et l’alimentation des bovins afin d’augmenter la production laitière.

Une technique de restauration basée sur la science et le savoir-faire indigène

Les arbres et les arbustes de mangrove se trouvent le long des rivages tropicales ou subtropicales et prospèrent dans des environnements – sol boueux, tourbe, sable et roche corallienne – où la plupart des arbres ne peuvent pas se développer. Alors pourquoi les mangroves dégradées ne se sont-elles pas régénérées naturellement ?

La régénération naturelle des mangroves a été entravée par deux facteurs : les incendies accidentels déclenchés par les braconniers et les inondations qui ont été amplifiées par le réchauffement climatique. Pour surmonter ces obstacles, Livelihoods Venture s’associe à Pronatura (PNV), une organisation non gouvernementale locale qui protège et restaure activement les écosystèmes de la région depuis 1998. Grâce à une technique innovante qui mêle la science aux anciennes connaissances aztèques (chinampas), PNV a réussi à réhabiliter 985 hectares de mangroves dégradées depuis 2012.

PNV mettra en œuvre les chinampas, parfois appelé des jardins flottants, qui ont fait leurs preuves, afin d’empêcher les jeunes plants de se noyer. La version modernisée des chinampas sera combinée avec des coupe-feu, un obstacle tel qu’une bande de terre défrichée qui empêche les incendies de se propager, pour protéger des incendies les plantes de mangroves en croissance.

Comment fonctionne la technique de restauration de Pronatura ?

Méthode mêlant science moderne et connaissances des Aztèques

Etape 1Etape 2Etape 3
Les équipes de restauration créeront des « chinampas » modernisées, inspirées d’une technique utilisée par les Aztèques, pour maintenir les semis au-dessus de la ligne d’eau. Elles seront construites sur place, à l’aide de quenouilles et de boue, qui sont disponibles localement, et de matériaux biodégradables.L’opération « nettoyage des canaux » permet d’améliorer l’écoulement des eaux. Elle consiste à enlever les débris de bois et de végétation qui se sont accumulés dans les canaux naturels et artificiels.Les équipes de restauration établiront des pares-feux pour protéger les semis des incendies accidentels.

Le projet générera des avantages à long terme pour un grand nombre de familles, en augmentant la productivité des pêcheries dans les lagons, en diversifiant les sources de revenus et en améliorant la résilience aux conditions climatiques extrêmes telles que les ouragans.